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Le samedi 10 juin 1972, devant plus de 3000 spectateurs
à Sélestat, nos footballeurs réalisent
un formidable exploit en battant le RPSM amateurs
(3-1). Mi-temps : 3-0 ! TUGLER marqua un but et KLOEPFER
les deux autres.
Francis BRAESCH écrivait à
leur sujet : ‘’Le RPSM, trop sûr
de lui, avait pris Hirtzfelden de beaucoup trop haut.
Les villageois (un comble) donnaient, au fil des minutes,
une véritable leçon de football moderne
aux Strasbourgeois. Plus directs, plus athlétiques,
s’accrochant comme des diables sortis de leur
boite, avec un étonnant sens du but et cueillant
pratiquement toutes les balles de la tête, les
p’tits gars de Hirtzfelden ouvraient finalement
le score par KLOEPFER (20e minute), reprenant le cuir
qui, sur un centre de TUGLER, venait de rebondir devant
lui. Déchaînés, les villageois
maintenaient la pression. Le RPSM ; ce seigneur, s’affolait
donc sous les coups de bélier des villageois
qui continuaient le siège du château.
Et à la 40e minute, soulevant l’enthousiasme
du public, KLOEPFER, comme à la parade, reprenait
victorieusement un corner joué à la
Rémoise par TUGLER et JECKER’’
La foule a envahi le terrain et les
joueurs ont dû attendre avant de reprendre le
jeu. Ce n’était pas fini. Trois minutes
plus tard, KLOEPFER (quel beau jour pour ce garçon)
marquait un 3e but avant la mi-temps. « Je n’ai
jamais vu ça… ! » criait BRUNSTEIN.
Parmi les spectateurs, tous debout dans les tribunes
pour applaudir un exploit qui prenait des dimensions
extraordinaires. « Fantastique ! » disait
HERMANN, visiblement époustouflé.
Les Strasbourgeois faisaient le forcing
dès la reprise de la mi-temps, mais SCHEBACHER,
très calme, anticipait toutes les actions et
stoppait facilement plusieurs tirs. Devant le but
de ce géant de ‘’Pauli’’,
les attaquants du RPSM ressemblaient à des
nains, incapables de percer le ‘mur jaune’.
Finalement le RPSM sauva l’honneur en marquant
l’unique but à la 65e minute.
La victoire de nos footballeurs était aussi
celle de tous les villageois, qui suivirent assidûment
leur qualification. Pour la Finale, l’instituteur
Mathieu KUENTZ, avec le concours des institutrices
et des enfants des écoles, avait fait confectionner
des foulards, des casquettes et des drapeaux jaunes.
Des bus avaient été affrétés,
et les supporters de toute la région se rendirent
ce jour à Sélestat. Malheureusement,
le curé Schwartz, supporter numéro un
du club, n’avait pu assister à la grande
finale : il devait célébrer la messe,
mais il fut le premier à annoncer le résultat
aux femmes et aux vieillards qui restèrent
au village. Rappelons que sur les 14 équipes
qui opéraient en division d’honneur,
Hirtzfelden était la plus petite commune avec
ses 550 habitants, mais regroupait au sein du FCH
plus de 100 licenciés. Ce jour, nos courageux
garçons étaient tout bonnement les meilleurs
footballeurs d’Alsace, et ils venaient de la
démontrer à ces messieurs du RPSM qui
se prenaient volontiers pour des vedettes. Voilà
! Et pan !
Ce n’était pas plus
compliqué, et pourtant aussi incroyable. L’événement
fut connu de toute l’Alsace, et même de
la France entière, puisque les revues sportives
nationales lui ont consacré de longues colonnes.

Ce fut la fête au village pour
recevoir nos champions, qui firent la tournée
des cafés. Au restaurent à l’Arbre
Vert, autour d’une bonne table, le député
Georges Bourgeois les rejoignait fort tard dans la
soirée pour les féliciter.
La semaine d’après,
l’adjoint Jean Pierre HAEGY organisa la réception
officielle, avec défilé. Le cortège
partit à pied depuis la gravière située
dans la rue d’Ensisheim, pour se rendre à
travers le village jusqu’au stade au son des
cuivres de la musique de Fessenheim. Le cortège,
qui n’en finissait plus, était mené
par la fanfare, suivie de la clique des Sapeurs pompiers,
des majorettes de Meyenheim, des filles du village
en tenue folklorique, des footballeurs en tenue du
plus petit jusqu'au plus grand, puis du char à
ban conduit par Arthur JECKER, sur lequel trônait
en bonne place la magnifique coupe, tendrement surveillée,
choyée, cajolée par des mains enfantines.
Après le défilé
on se retrouvait tous au stade. En présence
du député Georges BOURGEOIS, du maire
SCHELCHER, des représentants de la LAFA, des
dirigeants sportifs locaux et voisins, de nombreux
discours furent prononcés, et la municipalité
décerna une médaille à chacun
des joueurs de l’équipe fanion. La joie
régnait dans les cœurs, dans les âmes.
Hirtzfelden était fier de ses joueurs qui le
méritaient.
Cette même année 1972,
le FCH monte en Division d’Honneur et joue à
ce niveau jusqu’en 1982.
En 1973 l’Union Syndicale des
Journalistes Sportifs de France attribue au FCH le
5e prix des meilleurs sportifs.
La remise des cinq ballons s’est déroulée
au restaurant Jecker. ‘’Ce que vous avez
réalisé il y a huit mois jour pour jour,
est un merveilleux exploit sportif. Ce sont des clubs
comme le FC Hirtzfelden qui donnent un sens profond
au travail des journalistes. Votre exploit est le
fruit d’une camaraderie parfaite’’.
disait François RIMMELY, journaliste aux DNA.
Paul SCHEBACHER rajoutait : ‘’
Cinq ballons ?… C’est certainement le
plus beau cadeau que les journalistes sportifs d’Alsace
pouvaient nous offrir. Chez nous on les aime les ballons
! ‘’
Suite: La seconde coupe d'Alsace
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