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Francis BRAESCH :
‘’ quel est donc le mystère qui
fait gagner Hirtzfelden ? Comment cette équipe
d’un village de 560 habitants, un peu plus grand
que la place Klébert et la place de la Bourse
réunies, a-t-elle pu battre une puissante union
formée des amateurs du Racing, des Pierrots
et de la Meinau ? ‘’
* Francis Braesch, journaliste sportif au journal
l’Alsace, auteur du livre ’’Grandes
et petites histoires du football alsacien’’
Paul SCHEBACHER, ancien gardien de but de Hirtzfelden,
et président dès l’âge de
23 ans, ne fit pas de mystère. A cause du curé
Schwartz ?
‘’ Eh bien oui, ça va vous étonner
! Avant lui, nous avions un curé qui opposait
le foot au bon Dieu. Il mettait toutes ses heures
d’instruction religieuse, ses réunions,
ses messes, ses vêpres à l’heure
que nous avions programmé pour nos activités.
Le foot devenait la tentation du diable. Entre une
heure d’instruction religieuse et une heure
de leçon de foot, un an avant la communion,
les parents hésitaient. C’était
le foot concurrent du bon Dieu. Nous étions
heureux quant le curé Schwartz est arrivé…
M. Schwartz était tout de suite des nôtres.
Il était un ami, un supporter, un coéquipier,
bref il était notre curé. ‘’
Le curé Louis Schwartz, pour
expliquer la parole de Dieu, avait une pédagogie
bien différente de ce qui se faisait jusqu’alors.
Il sut imager ses sermons en rapprochant l’évangile
à la vie de tous les jours. Il enseignait aussi
le catéchisme par la projection de diapos aux
enfants, qui l’aimaient bien. A peine était-il
installé dans la commune qu’il s’intéressait
à la vie associative. Les footballeurs l’appréciaient
beaucoup et avaient puisé dans son soutien
moral leur rage de vaincre. Un jour un journaliste
avait demandé au curé si les habitants
de Hirtzfelden tenaient la gaieté et leur joie
de vivre de leur origine – les Jecker, forts
nombreux et descendants helvètes, ou bien le
doivent-ils au football ?
« Le football, assura-il, participe
à la formation de l’homme. Il lui apporte
joie de vivre et idéal, apprentissage de la
souffrance, esprit de lutte et plaisir de vaincre.
Et tout cela, c’est l’Evangile, la sagesse,
la paix de l’âme et le bonheur. »
Un dimanche au sermon dominical il
s’adressa aux fidèles en ces termes :
« Mes chers frères, j’ai suivi
le match dimanche dernier. Ils ont joué sec,
les autres, vache même, mais nos gars n’ont
pas riposté. Je les félicite, ils ont
joué en chrétien. Je leur dis bravo.
La vie de l’homme est un tout ; nous ne sommes
pas seulement chrétiens à l’église,
mais partout. La messe commence quand vous sortez
d’ici. Allez-y les gars. En chrétiens
et en hommes !»
Le dimanche précédent le match de la
coupe d’Alsace, opposant notre équipe
de Division d’Honneur à celle du RPSM
de Strasbourg, et d’un niveau bien supérieur,
le père Louis Schwartz disait encore à
ses footballeurs au sermon : « Dieu vous a donné
le don de bien jouer. Exploitez ce don, faite fructifier
ce trésor et jouez pour notre bonheur à
tous. C’est cela le christianisme. Vous devez
être les témoins de la joie du Christ
et les représentants de notre petite communauté
chrétienne de Hirtzfelden. »
La rencontre eut lieu à Sélestat le
10 juin 1972 à 17 heures. Notre brave curé
n’a pas accompagné les footballeurs ;
mais il avait passé la soirée à
l’église, à prier pour ‘ses
sportifs’. Notre équipe a finalement
gagné la partie. En remportant la coupe d’Alsace,
nos joueurs avaient battu un record : jamais le trophée
n’était allé dans un aussi petit
village. Dans l’un de ses bulletins paroissiaux
de 1972 il écrivait : « Expliquez- moi
comment un patelin de 500 habitants, contre toutes
les lois de la logique est arrivé à
décrocher la coupe d’Alsace ? »
Dès lors nos footballeurs avaient leur ‘Bulletin
du FCH’ rédigé par Bernard NAEGELIN
dans le journal paroissial.
Notre petite commune ne fut pas seulement animée
par la population adulte, mais également par
les jeunes de tout obédience, et quelques fois
même le curé en tête.
Suite: Des années 80 à aujourd'hui
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